Chers Camarades,
Cette rentrée se fait sous le signe de la mobilisation. Les attaques contre notre modèle social se multiplient et elles vont loin. Il n’y a clairement plus de tabous à persécuter les plus fragiles : malades, chômeurs, précaires, tout en protégeant les plus fortunés. Nous voyons, années après années, le service public être dépouillé de ses moyens pendant que les grandes entreprises perçoivent près de 211 milliards d’aide publique (d’après un rapport sénatorial).
Ce que nous voyons moins ce sont les autres acteurs de l’intérêt général que sont les associations.
Pourtant la situation est grave :
1,8 millions de salariés et 20 millions de bénévoles font vivre les associations. Elles représentent 13% des emplois privés mais seulement 7% du total des aides de l’État au secteur privé. Contrairement aux entreprises, on leur demande des contreparties et les soutiens publics aux associations se réduisent de plus en plus.
Entre 2005 et 2020, le CESE a estimé la baisse de 41% des subventions.
Selon le baromètre « Opinion des responsables associatifs » publié le 7 juillet 2025 par Recherches & Solidarités (R&S), 53% des associations employeuses jugent leur situation financière difficile ou très difficile. Les associations d’éducation populaire, avec ou sans salarié, sont celles qui se déclarent le plus en difficulté sur le plan financier. Elles sont 58% à être en danger.
Pour limiter le recours aux subventions, les associations se voient incitées à faire évoluer leur modèle économique et adopter des pratiques issues du monde marchand.
Celles qui fonctionnent comme des entreprises se dénaturent. Comme pour le service public, les coupes budgétaires conduisent à des dégradations des conditions de travail, et la recherche de rationalisation des moyens fait perdre l’objectif premier : le service d’intérêt général.
D’ailleurs, certaine d’entre elles sont en délégation de service public ou pallient au manque de service public.
C’est à ce titre, qu’elles ont un traitement fiscal spécifique.
Quand vous faites un don ou que vous adhérez à une association d’intérêt général, les 2/3 peuvent être déduits de vos impôts.
Si la part des activités lucratives prend trop de place dans les revenus de l’association, elle ne répond plus aux critères qui lui permettent d’être reconnue d’intérêt général et donc d’être elle même exonérée d’impôts.
Un rapport de deux inspections générales (Inspection Générale des Finances et Inspection Générale de l’Education du Sport et de la Recherche) datant de juillet propose de faire des économies en diminuant ces réductions fiscales. Cette mesure entraînerait à coup sûr une baisse de dons et d’adhésion, limitant encore plus les possibilités de ressource des associations.
Dans son avis de 2024 Le CESE dénonce : « La baisse des subventions et la hausse des commandes publiques et appels à projet poussent les associations à avoir un système de gestion court-termiste à double conséquence : dénaturation et perte de sens de leur action. »
Dénaturation et perte de sens… cela vous fait probablement écho parce que les salariés des associations comme les agents publics ne sont pas là par hasard, ils mettent leurs forces de travail au service d’un projet qui a du sens et de valeurs qu’ils partagent.
Les contraindre à entrer dans des logiques de marché pour survivre c’est malmener les personnes qui s’y engagent mais aussi notre système démocratique.
La liberté associative est constitutionnelle mais pas son financement.
Avec la raréfaction des soutiens financiers et le contrat d’engagement républicain, tout est mis en place pour que les associations se tiennent sage. La Défenseure des droits, dans un communiqué du 14 avril 2023, constatait « une intensification des risques d’atteintes à la liberté d’association » et souligne qu’ « une telle évolution est hautement problématique dans un État démocratique ». Il n’y a pas de démocratie sans pluralismes ni débat contradictoire. Cela n’empêche pas certains pouvoirs publics de faire pression pour faire taire les associations dissidentes ou limiter leur action. Une pratique courante est de supprimer les aides publiques au motif de non respect du contrat d’engagement républicain. Cet outil a été initialement prévu pour lutter contre le séparatisme et l’islamisme radical mais selon le mouvement associatif, les associations les plus touchées sont les associations mobilisées pour l’écologie, la défense des droits ou encore l’aide aux migrants. Les associations d’Éducation Populaire sont également touchées car, leur action a une forte dimension politique et ce qu’elles ont à dire dérange. Si elles ne peuvent pas s’autofinancer, elles doivent choisir : autocensure ou disparition.
Ce 18 septembre nous descendrons dans la rue pour réclamer une plus grande justice sociale et le 11 octobre nous répondrons à l’appel du mouvement associatif pour que les associations en général et celles de l’éducation populaire en particulier puissent continue d’exister et de résister !
Aurélie CANAZZI et Djamel TIKOUIRT pour le SEP-UNSA